La musique de Poupée mobile éveillerait l’œil de celui qui l’écoute à
certains paysages hallucinés. Sa matière, la grande classe des sons
productibles naturellement ou synthétiquement, et ses outils, les
machines, le rangent dans le genre des musiques électroniques, entre les
espèces de l’acousmatique, de l’expérimental, du live électronique et
des musiques improvisées. Les objets dont s’occupe Poupée Mobile sont
aux frontières du chaos, formes spontanées et ordres éphémères, dont la
saisie du point d’équilibre est la gageure. Le concret auquel Poupée
Mobile voudrait devenir sensible, qu’il voudrait faire advenir, ce sont
les formes évolutives du vivant, ou leur complexité.
“Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière
tournée vers une expérimentation en prise sur le réel. (…) Elle peut
être déchirée, renversée, s’adapter à des montages de toute nature, être
mise en chantier par un individu, un groupe, une formation sociale. On
peut la dessiner sur un mur, la concevoir comme une oeuvre d’art, la
construire comme une action politique ou comme une méditation.”
Gilles Deleuze, Félix Guattari, Rhizome